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Photo du rédacteurJean REMOND

Face à la réforme des retraites, l'unité des Républicains de plus en plus friable

Le gouvernement court après les voix des députés Républicains. Elles lui sont nécessaires pour faire passer sa réforme. Jusqu'à maintenant, cette stratégie semblait payante. Reste que, depuis quelque temps, certains lieutenants Républicains sont de plus en plus frileux à l’idée de voter le projet du gouvernement. Un changement de cap qui pourrait coûter cher à l'exécutif. Analyse.


Élu président du parti Les Républicains, Eric Ciotti fait face à un chantier des plus laborieux, colmater les brèches qui scindent actuellement cette famille politique (Source : L’Est Républicain)


Certains élus républicains entrent-ils dans la fronde ? Alors que le gouvernement mise sur le soutien des Républicains pour faire passer une nouvelle réforme des retraites très contestée, tout pourrait ne pas se passer comme prévu. Alors qu’Eric Ciotti et Olivier Marleix (patron des députés LR) ont assuré que leur parti voterait la réforme, notamment par souci de cohérence avec leurs précédents engagements, leurs lieutenants pourraient être plus réticents.


Ces Républicains rebelles


Mardi dernier, France Inter a donné un coup de pied dans la fourmilière. Le média a énuméré les députés républicains opposés au projet de loi gouvernemental. Au fil de ce décompte, on apprend que, sur 62 députés LR, 16 s’opposeraient à la réforme actuelle, contre seulement 15 ouvertement pour. Sept autres députés seraient tentés par l’abstention et quatre seraient encore indécis. Le parti est en proie à de fortes disparités, alors que seules 38 voix suffiraient à la majorité présidentielle pour faire passer sa réforme.


Près d’un quart des députés auraient toutefois préféré ne pas répondre aux sollicitations de France Inter. Un choix découlant, selon le journal Le Monde, des consignes données par leur patron, Olivier Marleix. Vendredi 20 janvier, les députés auraient ainsi reçu ce message : “Inter fait une enquête pour connaître votre intention de vote (…) et pouvoir afficher une division chez nous. Il est totalement inutile de répondre !”. Ces divergences ne sont toutefois pas sans déplaire à Olivier Marleix, assurant qu’il “vaut mieux faire une réforme en la rendant plus douce, que de partir en va-t-en-guerre et capituler en rase campagne”.


Après le calme, la tempête


Adoucir une réforme jugée trop “dure”, tel était le souhait des Républicains. Ces derniers ont d’ailleurs ajouté leur grain de sel au projet du gouvernement. L’abaissement de l’âge légal de départ de 65 à 64 ans, couplé à une accélération de l’allongement de la durée de cotisation, ainsi que la revalorisation des pensions de retraite fait partie des fleurs que le gouvernement a accordées à la droite républicaine.


Le camp des Républicains s’est directement félicité d’avoir fait couler de l’encre sur la copie de l’exécutif. “Les bases d’un accord sont posées”, lançait Eric Ciotti, tout sourire, après avoir défilé dans le bureau d’Elisabeth Borne. Cet engouement se serait estompé entre les lieutenants Républicains ? C’est en tout cas ce que laisse penser certaines prises de position.


Dans l’ombre des divisions républicaines, une bataille d’influence politique


Principal point de crispation, la prise en compte des carrières longues. Avec la nouvelle réforme, certains actifs devront cotiser pendant 44 années, contre 43 pour les autres. Un effet induit par la réforme des retraites, souvent resté dans l’ombre de cette dernière. Assumé par le gouvernement, ce point dérange certains députés Républicains. En réponse à cette question épineuse, Olivier Dussopt, ministre du travail, aurait avoué lundi que “la perfection n'est malheureusement pas de ce monde”, selon Libération.


En attendant, à cause des imperfections que comprend la réforme, certains députés LR risquent de s’y opposer. Un fait redouté par le gouvernement, qui serait alors contraint de puiser dans un arsenal législatif très contesté pour faire passer son projet. Toutefois, derrière ces divisions sur l’aspect trop peu “social” de la réforme se joue aussi une bataille d’influence politique chez les LR.


Parmi les principaux frondeurs, Aurélien Pradié. L’ancien candidat à la dernière primaire des Républicains est un opposant phare de la réforme des retraites. Alors que les grandes lignes politiques de la droite républicaine sont à redessiner, le jeune élu compte bien y apporter son coup de crayon. C’est ainsi qu’Aurélien Pradié espère réunir derrière lui les élus opposés au projet gouvernemental.


Pour Les Républicains, l’heure est à la reconstruction. Dans ce contexte interne poreux, la réforme des retraites a pour effet de confronter les députés à leur division. De son côté, l'exécutif se devra d’être habile afin de ne pas perdre le soutien politique de cette famille politique. La bataille des retraites prend une tout autre forme, mais continue bel et bien.


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