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Photo du rédacteurJean REMOND

Congrès du PS : on vous explique la nouvelle guerre des deux roses

Le Parti Socialiste continue de s’enliser. Afin de nommer un nouveau premier secrétaire général, le parti à la rose a organisé des élections lors de son congrès. Une fois les résultats du second tour dévoilés, jeudi 19 janvier, les deux finalistes ont revendiqué la victoire. Explications.

Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol se sont affronté lors du second tour du 80ème congrès du Parti Socialiste. (RTL)


La rose est-elle en train de faner ? Au terme du second tour du congrès du Parti socialiste, jeudi 19 novembre, les deux finalistes du scrutin, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol et l'actuel secrétaire général, Olivier Faure, s’honorent tous les deux d’avoir remporté la victoire. Un scission qui pourrait mettre à mal l’avenir d’une “vielle maison” déjà en ruine.


Premier tour, premier accrocs


Les 12 et 19 janvier derniers se tiennent les deux premiers tours de l'élection interne du Parti Socialiste. Trois figures revendiquent le poste de premier secrétaire général : Hélène Geoffroy, Nicolas Mayer-Rossignol et Olivier Faure. Au terme du premier tour, l’actuelle maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, a récolté 20,34% des suffrages. De quoi l’écarter, elle et sa position anti-NUPES, de la course au trône du PS.


De son côté, Nicolas Mayer-Rossignol, véritable surprise de ce congrès, a réussi à accéder au second tour en obtenant 30,51% des voix. Sa vision de la NUPES est moins critique que celle de la maire de Vaulx-en-Velin. Reste qu’en amont de cette élection, l'actuel maire de Rouen avait contribué à l’émergence d’une “troisième voix” au sein du PS, à la frontière entre pro et anti NUPES. Il considère cette dernière comme “un accord électoral passé perdant”, mais n’est pas pour priver la coalition de l’appui du parti à la rose. Il souhaite en revoir les grandes lignes, tout particulièrement le leadership des socialistes, et souhaite s’émanciper du carcan de La France Insoumise.


L’actuel premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s’est lui aussi hissé au second tour en remportant 49,15% des suffrages, sur le texte d’orientation qu’il a présenté. Un score minoritaire qui le met en “incapacité de diriger le parti”, selon Nicolas Mayer-Rossignol. Des divergences de stratégie politique opposait déjà les deux finalistes avant même ce congrès. L’heure des premiers affrontements a sonné.


Une nuit, deux annonces, deux victoires ?


Vendredi 20 janvier, la nuit fut courte pour les lieutenants du Parti socialiste. Il est 1h28 du matin, lorsque Olivier Faure se montre sur les réseaux sociaux. Les adhérents socialistes “ont exprimé par un vote clair leur volonté de poursuivre le rassemblement de la gauche et des écologistes en me renouvelant leur confiance”, assure l’ancien premier secrétaire du PS, dont le mandat vient apparemment d’être renouvelé. Le verdict serait donc tombé.


Quelques minutes plus tard, Nicolas Mayer-Rossignol revendique à son tour la victoire. “Vous nous avez fait confiance en nous plaçant en tête du scrutin”, lance le nouveau premier secrétaire général du parti à la rose, apparemment fraîchement élu. Contradiction totale.


Au petit matin, c’est au tour de la direction du PS d’apporter son grain de sel sur les résultats de l’élection, via un communiqué. Olivier Faure, député de Seine-et-Marne aurait remporté 50,83% des voix, contre 49,17% pour Nicolas Mayer-Rossignol. 393 voix d'écart, un infime échantillon électoral. L’actuel maire de Rouen s’est empressé de nier les résultats.


“Irrégularités” et résultat contesté


Nicolas Mayer-Rossignol défend une “troisième voix” pour son parti, entre opposant et défenseurs de la NUPES.. (Boursedirect)


Au lendemain des votes du second tour, de nombreuses irrégularités ont été mises en lumière. Véritable terreau d’accusations pour les deux finalistes. Votes biaisés, bourrages d’urnes, violences envers des scrutateurs, policiers municipaux dans les bureaux de vote, urnes dans des boîtes de chaussures, le scrutin final laisse planer de nombreux doutes. Nicolas Mayer-Rossignol y voit en tout cas la preuve de sa victoire, biaisée par tant d’irrégularité.


Il a alors exigé la tenue d’une commission de récolement, acceptée par Olivier Faure. Cette dernière est chargée de passer au peigne fin les différents votes, dans l’espoir d’écarter les zones d’ombres qui planent sur le scrutin et de trouver un terrain d’entente entre les deux finalistes. Tout n’est pas si simple. Après un nouveau décompte, la commission de récolement a donné son verdict. Olivier Faure aurait remporté 51,09% des voix, contre 48,91% pour Nicolas Mayer-Rossignol. Peu satisfait de cette décision, l’actuel maire de Rouen s’oppose toujours au résultat final, dénonçant surFrance Info“des pratiques qui relèvent de la fraude et qui ont cours au PS depuis trop longtemps”. Il appelle d’ailleurs à “reprendre les travaux de notre commission”, à compter du lundi 23 janvier. De son côté, Olivier Faure considère ce résultat comme “incontestable” et fustige une “mauvaise polémique”.


La rose brûlait déjà


Même si le résultat final semble indiscutable, le conflit qui oppose les deux élus ne touche pas à sa fin. La rose continue de brûler, au risque que les dernières journées de ce congrès, du 27 au 29 janvier à Marseille, ne servent qu'à souffler sur ces cendres. Un rassemblement censé colmater les brèches d’un parti en perdition, grandement fracturé depuis son entrée dans la NUPES.


A quoi peut-on alors s’attendre ? Difficile à dire, tant les deux finalistes incarnent une vision politique opposée sur l’avenir du PS. Olivier Faure voit en la NUPES la possibilité de consolider la “vieille maison” qu’est le PS, quand Nicolas Mayer-Rossignol est plus distant. Le maire de Rouen considère le parti de Jean Jaurès comme inféodé à la France Insoumise. Il redoute la dilapidation du parti à la rose dans une alliance étouffante, qu’il considère dominée par les lieutenants de Jean-Luc Mélenchon.


L’avenir du Parti Socialiste, voire de la NUPES, pourrait se voir fragiliser à la suite de cet épisode conflictuel. Ce dernier s'inscrit d’ailleurs dans une longue tradition, tant certains congrès du PS ont déjà été agités et incertains. En 2008, lors du Congrès de Reims, Martine Aubry arrive en tête du second tour. Seuls 42 voix la séparent de Ségolène Royale. Cette dernière conteste un résultat qu’elle dit “illégitime” et la commission de récolement se réunit pour trancher. Martine Aubry remporte la victoire avec 102 voix d'avance. Une période de troubles pour le PS, qui ne l’empêchera cependant pas de remporter les élections présidentielles en 2012.


Le spectre d’un autre événement plane aussi sur l’histoire du parti à la rose : le congrès de Rennes en 1990. Alors que le courant mitterrandiste prédomine au sein du parti, les ténors du PS se sont livrés à de violents affrontements. Sur fond de guerre de succession entre Lionel Jospin et Laurent Fabius, le congrès de Rennes s’était conclu sans courant majoritaire au sein du PS. Les conflits qui scindent aujourd’hui le PS sont héritiers d’une longue tradition.


Alors qu’Olivier Faure a officiellement remporté la victoire du congrès, Nicolas Mayer-Rossignol reste assis sur ces positions et continue de nier les résultats. Reste à voir si les différents courants politiques qui divisent actuellement le PS réussiront à trouver un terrain d’entente. Les deux opposants devraient se rencontrer ce lundi 23 janvier. Pour l’instant, la “vieille maison” est toujours debout, mais n’a jamais autant été de guingois.

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