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Photo du rédacteurArnaud DIDIER

Oiseaux communs de France : un déclin alarmant

La ligue pour la protection des oiseaux a dévoilé, mardi 24 janvier, un bilan contrasté sur la population des oiseaux de jardin en France. Retour détaillé sur ce constat alarmant.


Oiseau en train de manger un asticot (©Holger T.K / AdobeStock)


Entre 2012 et 2022, le top 10 des espèces d’oiseaux les plus fréquemment observées n’a que peu évolué, dominé par les mésanges, moineaux, pigeons et merles, selon l’observatoire des jardins.

Depuis 2012, l’Observatoire des oiseaux des jardins, géré par la ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et l’équipe Vigie-nature, mène des actions de recensement participatif pour compter les oiseaux dans les jardins. Il est aujourd’hui le plus important dispositif français de sciences participatives impliquant le grand public et son dernier constat est alarmant.


Quel est l’objet de cette observation ?


Un comptage national des oiseaux est organisé deux fois par an, lors des derniers week-ends de janvier et de mai afin d’obtenir des éléments de comparaison concernant l’évolution des populations d’année en année. Pour ce faire, une fiche pratique est mise à disposition des participants afin qu’ils comptent les espèces observées pendant une heure de temps. Environ 6,5 millions d’oiseaux ont ainsi été comptabilisés pendant près de 115 000 heures d’observation indique la LPO.


En 2012, environ 3 000 personnes se sont mobilisés pour la première édition. Dix ans plus tard, elles sont dix fois plus nombreuses, après un pic de participation à 40 000 personnes en 2020, lors de la pandémie de Covid­19. Au total, des recensements ont été réalisés dans près de 100 000 jardins à travers la France, qui ont permis de collecter environ 6,5 millions de données. Ces observations étant soumises à un protocole rigoureux, elles ont pu être analysées de manière scientifique.


Quelle évolution de la population des oiseaux est constatée ?


« C’est une hécatombe. Depuis dix ans, on constate un déclin de 41 % des populations françaises d’oiseaux au printemps », résume Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). C’est le cas par exemple du Martinet noir qui a diminué de 46 %.


En hiver, c’est le contraire. Les comptages ont mis en évidence une augmentation des populations depuis dix ans. Toutefois, cela n’est pas une bonne nouvelle : originaires des pays froids, les oiseaux s’arrêtent en France, où il fait doux, au lieu de se fatiguer à descendre plus au Sud.


  • En hiver


Voici les données depuis 10 ans, en termes de présence dans les jardins lors du comptage de janvier :

• 49 % des espèces sont en augmentation : dont dans le top du classement la Perruche à collier, le Pigeon biset, le Pigeon ramier ou encore le Choucas des tours.

• 20 % sont stables : comme le Geai des chênes, le Troglodyte mignon ou encore le Pinson du Nord.

• 11 % sont en déclin : comme le Moineau friquet ou la Mésange noire.

•  20 % ont une tendance inconnue ou fluctuante.


  • Au printemps


Au printemps, le constat est préoccupant : Depuis 10 ans, en termes de présence dans les jardins lors du comptage en mai :

• 41 % des espèces sont en déclin : le Bouvreuil pivoine, l’Accenteur mouchet, le Verdier d’Europe, ou encore le Merle noir sont concernés.

• 24 % sont stables : Corneille noire, Tourterelle turque ou encore le Chardonneret élégant.

• 2 % sont en augmentation : Perruche à collier, Huppe fasciée ou encore Linotte mélodieuse.

• 33 % ont une tendance inconnue ou fluctuante.


Pourquoi y a-t-il une telle disparition au cours du printemps ?


« Cela s’explique parce que ce sont des oiseaux qui sont originaires du Nord ou des pays de l’Est, et qui viennent d’une certaine manière se réfugier chez nous », profiter d’hivers de plus en plus doux, indique Allain Bougrain-Dubourg. Par exemple, la fauvette à tête noire connaît une augmentation de 57 % depuis les 10 dernières années dans les jardins français. Ce phénomène est amplifié par le changement climatique qui a conduit cette espèce qui, autrefois migrait en Espagne, à s’arrêter désormais en France en raison de températures plus adéquates, faisant ainsi gonfler les statistiques.


De plus, on observe en hiver, plusieurs interférences qui interviennent "comme notamment la présence accrue d'oiseaux migrateurs, qui repartent ensuite au printemps, ou le changement de comportement de certains oiseaux qui manquent de nourriture dans leur habitat naturel et se réfugient dans les jardins pour trouver une source alimentaire de substitution”, explique l'ornithologue Benoît Fontaine.

Les conséquences de l’activité humaine ?

Plusieurs actions humaines nuisent aux oiseaux. Les espèces granivores manquent de nourriture sur le territoire français en raison du schéma agricole. “Il y a aussi moins d'insectes ou encore une perte d'habitat. Les martinets noirs notamment, qui nichent dans les villes, ont de moins en moins d'endroits pour nicher. Les façades des immeubles sont restaurées et les cavités dans lesquelles ils s'installent sont bouchées.”, déclare Cédric Marteau, directeur du pôle protection de la nature à la LPO sur France Info. La pollution, l'artificialisation des terres ou l'aménagement de certains bâtiments empêchant la nidification figurent parmi les autres causes du déclin du nombre d'oiseaux de proximité en France.

La prochaine édition de recensement aura lieu les 28 et 29 janvier 2023. Pour avoir une vision détaillée de ce bilan vous pouvez vous rendre sur ce document.

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