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Depuis 60 ans, qui sont les « couples » qui font la relation franco-allemande ?

Dernière mise à jour : 24 janv. 2023

Après des décennies de tensions et de guerres, la France et l’Allemagne sont entrées à partir des années 1950 dans une volonté de réconciliation. Cette politique a été incarnée par des « couples » de dirigeants, des relations qui ont fait évoluer à leur manière l’entente franco-allemande depuis 60 ans.


L’histoire franco-allemande a traversé l’empire carolingien, les rivalités des dynasties Bourbon et Habsburg et les guerres mondiales. Depuis la fin de ces tragiques événements, la relation tissée entre les deux pays tend à concilier les mémoires, et mener une politique commune. Cette entente a été alimentée par des « couples » de dirigeants, moteurs de la relation franco-allemande. Ce 22 janvier, le traité de l’Elysée fête ses 60 ans. Portrait des couples qui ont fait cette relation.


Charles de Gaulle – Konrad Adenauer (1958-1962) Je t’aime, moi non plus


Pleine de déclarations d'amitié et de coup bas, la relation entre Charles de Gaulle et Konrad Adenauer est la genèse de la réconciliation franco-allemande dans l’après-guerre. Le chancelier allemand est méfiant à l’idée de collaborer avec De Gaulle, tout juste arrivé au pouvoir en 1958. Mais celui-ci lui montre sa volonté de le rencontrer : « Personne ne peut mieux que lui saisir ma main. Mais personne ne peut mieux que moi la lui tendre ». Une déclaration suivie d’un événement clé : la réception de Konrad Adenauer à Colombey-les-deux-Églises en 1958, qui lance une politique commune des deux pays. L’objectif, s’émanciper de la puissance étasunienne.


Charles de Gaulle et Konrad Adenauer lors du Traité de l’Elysée, le 22 janvier 1963 (Source: France Bleu)


Mais par la suite, De Gaulle ne sera pas tout à fait transparent avec Adenauer, en « oubliant » l’Allemagne, dans le cadre d’un directoire spécial de l’OTAN par une entente franco-anglo-américaine. Mais l’incident est vite oublié, et les autres qui suivront ne ternissent finalement pas le bilan de l'avancée commune des deux pays. Le point d’orgue intervient en 1963, lors du traité de l’Elysée, dont nous célébrons les 60 ans. Désormais, allemands et français s’accordent sur la défense, la politique étrangère ou la culture. Cette entente contrastée est centrale dans l’évolution des rapports franco-allemands depuis 60 ans.


Valérie Giscard-d’Estaing – Helmut Schmidt (1974-1981) Le premier « couple franco-allemand »


En prenant le pouvoir à quelques jours d’intervalle, les deux dirigeants sont entrés dans une politique commune, qui va être le véritable moteur de la relance européenne. A première vue, le social-libéral Schmidt ne semble pas être le coéquipier parfait du libéral qu’est VGE. Mais en travaillant de pair, ils contribuent à de grandes avancées dans la construction du modèle européen.

Ils sont à l’origine du système monétaire européen (SME), qui avait pour objectif de stabiliser les monnaies européennes entre elles. Plus tard, c’est l’ECU, première monnaie européenne avant l’Euro, qui découle de ce nouveau système. Dans leur association, le Conseil Européen est créé, afin de définir les grands axes de la politique européenne, en réunissant les chefs d’Etats. Si leurs divergences politiques étaient bien réelles, on retient surtout le travail commun de Giscard-d’Estaing et de Schmidt, à tel point qu’on appelle cette association le « couple franco-allemand ».


François Mitterrand – Helmut Kohl (1982-1995)

Du partenariat à l’amitié


Le symbole le plus marquant des nombreuses rencontres entre le chancelier allemand Kohl et le président français Mitterrand est sûrement celui d’une poignée de main. Le 22 septembre 1984, à Verdun, les deux chefs d’Etat se serrent la main, lors du 70e anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Au niveau politique, les deux prennent la suite de leurs prédécesseurs, et contribuent grandement à la dynamique européenne, avec notamment le traité de Maastricht en 1992.



François Mitterrand et Helmut Kohl le 22 septembre 1984, lors du “Geste de Verdun” (Source : Maxppp)

Les mémoires du rapport qu’entretiennent Mitterrand et Kohl évoquent souvent leur amitié. « Ils se voyaient plus de dix fois par an », racontait Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères sous Mitterrand. « A chaque sommet européen ou du G8, ils prenaient leur petit-déjeuner ensemble et bientôt ils en vinrent à s'inviter dans de bons restaurants, en Allemagne et en France ». Aux funérailles d’Helmut Kohl, le président français, ému, évoque même un « bon ami »


Nicolas Sarkozy – Angela Merkel (2007- 2012)

Relation (peu) cordiale


Il est plus difficile de parler d’une réelle amitié, quand on évoque les cinq années conjointes de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à la tête de leur pays. A de nombreuses reprises, les échanges entre la chancelière et le président ont été tendus. Angela Merkel n’hésitait pas à railler le français en public, quand ce dernier pouvait par moment faire des bourdes (il appelle le mari de la chancelière « Merkel », nom de son ancien conjoint qu’elle a gardé).

Malgré ça, les deux pays restent très attachés à montrer leurs liens, forts depuis la Seconde Guerre mondiale. Sarkozy se déplace à Berlin pour les 20 ans de la chute du Mur, et Merkel rend hommage à la disparition du dernier poilu français. Durant la crise de la dette dans la zone euro, ils agissent souvent ensemble, afin d’apparaître comme les leaders européens sur cette question. Ce rapprochement finit même par donner un surnom à leur duo : Merkozy. Selon Eric-André Martin, secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa), le duo arrive à « recoller les morceaux pour éviter la faillite de l’euro », signe d’une certaine réussite de l’entente.


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